L'équipage Claudio Roddaro et Macha Vananty au Tour Auto 2019

- Textes et photos par Matthieu Bourgeois -

  

 

"De retour au Tour Auto 45 ans après sa première participation"

 

 

Avant même de découvrir l'équipage que j'ai pu suivre durant ce Tour Auto 2019, je vous conseille de visionner le reportage de l'événement en lui-même, plus général, pour ne rien manquer de cette semaine. Le Tour Auto est un fabuleux rallye automobile à travers la France. Mais en vérité c'est bien plus qu'un rallye, c'est une aventure humaine. En suivant le Tour durant ces dernières années, je me suis rendu compte qu'il y avait bien plus que les autos à photographier et à raconter. Tout simplement parce qu'un rallye ne se gagne pas par l'auto que l'on possède mais par le pilote et le copilote dont est formé l'équipage. 

 

Cette année, j'ai eu l'honneur de suivre l'équipage de la Porsche 911 3.0L RS n° 257, composé de Claudio Roddaro, gentleman driver et collectionneur Porsche, et de sa femme, Macha Vananty, cofondatrice et auteure du blog horloger watch-her.com, également pilote automobile à ses heures perdues. Pour cette édition, Claudio a décidé de prendre une Porsche de 1974 avec la fameuse livrée Défense Mondiale. Cette 3.0L RS, châssis 911 460 9044, est l'une des cinquante-trois produites.

 

Moins connue et encore moins répandue que la mythique 911 2.7L RS, la 3.0L RS en est pourtant une évolution encore plus performante. D'un point de vue carrosserie, cette version se dote d'un aileron plat et des ailes arrière bien élargies que l'on retrouvera sur la 930 l'année suivante. Sous l'aileron on retrouve un Flat 6 revisité développant 230 chevaux. Avec un poids total légèrement au-dessus de la tonne, l'auto fut allégée au maximum, notamment grâce à des tôles et des vitres plus fines, des boucliers en polyester, dont l'avant est percé d'une large entrée d'air permettant de refroidir un radiateur supplémentaire ainsi que deux écopes qui dirigent le flux d'air vers les freins à disques. L'habitacle est totalement vidé et ne laisse place qu'à deux baquets avec des harnais de sécurité et un arceau. Un bon compromis entre poids et puissance qui fit de la 3.0L RS une véritable bête en son temps. 

Porsche 911 3.0L RS, Claudio Roddaro et Macha Vananty - Tour Auto 2019, Col de la Croix Saint-Robert. Photo par The Little Spotters
Porsche 911 3.0L RS, Claudio Roddaro et Macha Vananty - Tour Auto 2019, Col de la Croix Saint-Robert.
911 460 9087 Defense Mondiale Porsche 911 3.0l RS Almeras, Claudio Roddaro, Tour de France Automobile 1974
La Porsche 911 3.0L RS sur les routes Tour de France Automobile en 1974. Photo retrouvée par Gabriel Marachian.

Cet exemplaire fut la voiture de l'écurie Défense Mondiale en 1974. La même année, l'auto fut sacrée championne de France de la montagne. Elle a également couru au Tour de France avec Jean-Marie Almeras, qui finira douzième au général. Il semblerait que les courses de côtes soient son terrain favori. 

 

En ce mois d'Avril 2019, 911 460 9087 fait alors son retour dans la compétition 45 ans après sa première participation et dans un merveilleux état de conservation comme on peut le constater avec cette photo de 1974 retrouvée par Gabriel Marachian ! Avant qu'elle rejoigne la collection de Claudio, la voiture était à Saint-Paul-de-Vence depuis 1977 et est toujours restée en France depuis l'origine.

 

Retour le Mardi 30 Avril 2019, sur la ligne de départ du Tour Auto Optic 2000. Je retrouve l'équipage dans le parc du château de Vaux-le-Vicomte quelques instants avant leur départ. La petite 3.0L fait partie du Plateau 5, réservé aux véhicules les plus récents. Comme le veut le règlement du Tour Auto, elle ne pourra donc pas jouer la victoire au général (exclusivement pour le plateau 4), mais devra se confronter tant sur les spéciales sur routes fermées que sur les courses sur les différents circuits, aux bien plus puissantes 3.0L RSR, Ligier JS2, De Tomaso Pantera Gr.IV, Ferrari 308 Gr.IV et bien d'autres encore...

 

C'est avec une appréhension sur la mécanique que l'équipage s'élance dans la première spéciale de la semaine. En effet, la boite de vitesse semble fragile depuis le Grand Palais et la voiture n'a pas pu être testée avant l'événement. Malgré le manque de puissance, le coup de volant de Claudio, les indications de Macha et l'agilité de la 3.0L résultent d'une quatrième position dès la première spéciale, derrière une Pantera Groupe IV et deux 308 Groupe IV Michelotto. Une bonne spéciale pour entrer dans la compétition, que je vous propose de découvrir depuis l'habitacle !

La 3.0L n'est pas qu'une voiture de course mais aussi une auto conçue pour la route. En effet, elle possède un échappement de route qui, contrairement aux RSR, ne fait pas beaucoup de bruit, et est même dotée du chauffage ! C'est donc une auto très polyvalente et parfaite pour ce genre de compétitions, où spéciales de rallye, circuits et grandes liaisons sur départementales se côtoient. Cependant, quand est venue l'heure d'affronter le Plateau 5 sur le circuit très roulant de Dijon-Prenois, le manque de performance du Flat 6 est inévitablement ressenti. Après 8 tours et treize minutes de course, il se classe tout de même septième à une seconde de la sixième position. Il n'y aura pas de caméra embarquée pour cette première épreuve sur circuit afin d'éviter tout accident comme en 2016 avec Christophe Van Riet et sa 3.0L RS... A la fin de la première journée, ils se classent alors cinquième à une trentaine de secondes du premier. 

Deuxième jour, les concurrents sont désormais en harmonie avec leur monture et deux spéciales ainsi qu'un circuit les attendent. Autant dire que le classement va être bouleversé ! Mais voilà, alors que j'attends le passage de la n°257 sur le bord de la première spéciale de la journée, celle-ci n'arrivera jamais. Je prends des nouvelles par téléphone et j'apprends que la pompe à injection est à l'origine de la panne, deux kilomètres après le départ de la spéciale. Il faut donc attendre la fin du passage du plateau complet pour que le dépanneur les sorte de la spéciale pour rejoindre l'assistance... Malheureusement le classement s'envole alors pour l'équipage... Après quelques réflexions et une journée de réparation par leur équipe personnelle, la Scuderia Classica, ils seront de retour sur la route du Tour demain. A ce niveau, le classement n'a pas une grande importance car avec trois épreuves manquées, ils se classent désormais trente-deuxième du Groupe H-I. 

La sensation de pousser à ses limites la 911 dans les spéciales doit être bien trop forte pour se contenter de simplement suivre le Tour. Surtout lorsque la troisième étape n'est composée que de spéciales, au nombre de trois dans cette journée de près de 400 kilomètres. Le couple réalise un nouveau top 10 avec le sixième temps dans la spéciale "Pays de Gier" au cœur du parc naturel régional du Pilat. La pluie s'est invitée au départ de la spéciale et a rendu le bitume gras et piégeur avec de nombreux changements d'adhérence. A l'exception de Didier Sirgue et sa De Tomaso Pantera Gr. IV, la spéciale a ainsi plutôt favorisé l'agilité à la puissance. Une Ford Escort 1600 RS a d'ailleurs signée le troisième meilleur temps. Direction à présent le château de Martinanches pour le déjeuner où je retrouve la Défense Mondiale aux côtés d'italiennes.

L'après-midi, deux spéciales étaient au programme. Dans la septième spéciale du tour, l'équipage place la Porsche une nouvelle fois aux pieds du top 3 à l'issue d'une spéciale très sinueuse et glissante avec l'arrivée de la pluie à mi-parcours, à six secondes du troisième temps. Deux Ferrari 308 et une Pantera devancent la Porsche.

La spéciale suivante s'est également déroulée dans des conditions humides. D'après le ressenti de Claudio et Macha, la spéciale était très glissante ! Les écarts sont serrés à l'arrivée, Claudio réalise le quatrième temps à seulement dix secondes de Didier Sirgue en De Tomaso Pantera Groupe IV, pour ne pas changer. 

 

Le lendemain, les concurrents ont rendez-vous sur le Nürburgring Français. Grands reliefs au cœur d'un parc verdoyant et météo typique de la région de l'Eifel en Allemagne, le circuit de Charade n'a rien à envier à l'enfer vert ! La grande différence avec le Nürburgring est sans aucun doute sa longueur, Charade compte dix-huit virages pour un tracé total de 3,975 kilomètres alors que la Nordschleife en compte soixante-treize sur 20,832 kilomètres.  

Au quatrième jour de compétition, l'ordre de départ des plateaux s'est inversé. Le plateau 5 est désormais en queue de peloton, ce qui peut être un avantage vis-à-vis de la météo. Mais alors que les nuages restaient très menaçants pour les plateaux de régularité, c'est un orage de grêle qui vient pimenter la course du premier plateau de compétition. Puis durant deux heures, la pluie s'abat sur le circuit qui est désormais gorgé d'eau. 

La 911 est à son avantage dans ces conditions grâce à son poids et sa puissance, ce qui pourrait faciliter la remontée de Claudio. En effet, n'ayant pas couru la dernière course sur circuit qui se déroulait à Magny-Cours à cause de la pompe à injection, il devra commencer la course à la dernière position. S'en suit une remontée spectaculaire à laquelle je n'ai pas pu assister car j'étais déjà sur la route de la spéciale suivante, mais que j'ai pu découvrir le soir même en caméra embarquée, et en direct grâce à Macha, restée dans les stands. Dans ces conditions délicates, la 911 danse dans les virages et s'inscrit à la perfection à la corde, sans perdre de temps dans un survirage excessif. Une course aussi stressante qu'agréable tant pour le pilote que pour les spectateurs, au vu de cette magnifique douzième position après dix-sept dépassements ! 

J'arrive avant même le plateau 3 au sommet du Col de la Croix Saint-Robert, au plein cœur du massif des volcans d'Auvergne. Le ciel du Puy de Dôme est couvert, le vent est glacial et la température avoisine les zéro degrés. Ce col est bien connu des amateurs de montagne et d'automobile, car il fait partie du championnat de France et d'Europe de courses de côte. Il se doit donc d'être parfaitement lisse et bordé de rails mais sans grande difficulté apparente. Le plateau 3 passe, puis vient au tour du plateau 4 de s'élancer. Les premiers concurrents doivent se contenter d'un sol mouillé mais lorsque le soleil fait son apparition, l'eau s'évapore au sommet et le spectacle est à couper le souffle !  Mais le spectacle aura été de courte durée puisque la spéciale est arrêtée après la sortie de piste de Jean-Pierre Lajournade, alors leader du Tour Auto. Je me transforme alors en "spotter" et décrit les conditions de piste au sommet à Macha. Elles sont plutôt simples : les quarante minutes d'arrêt ont largement séché la piste. Les premiers du plateau 5 font leur apparition et les chronos tombent au fur et à mesure. La 256 arrive, puis la 258 et les 260 et 261... Une petite frayeur que m'ont fait Claudio et Macha en arrivant dans les derniers du plateau. Leur ressenti à l'arrivée ? "Parfaite ! ". Il semblerait que la 911 soit toujours aussi efficace en course de côte ! Ils bouclent les 5,5 kilomètres d'ascension en 3 minutes 21 et signent le troisième temps, à seulement cinq secondes du premier ! Ils réalisent ainsi leur meilleur résultat depuis le départ de ce Tour Auto, après bon nombre de quatrième temps.  Félicitations !

 

Malheureusement, après avoir filmé les essais et la course de Charade, la caméra n'avait plus assez de batterie pour enregistrer la montée du Mont-d'Or à mon plus grand désespoir... 

Cinquième et dernier jour de compétition, trois épreuves attendent encore les concurrents dont une sur le circuit Bugatti du Mans. Sous un ciel très menaçant, Claudio atteindra une belle cinquième place en étant parti du milieu du peloton. Mais à ce stade là de la compétition, même les pilotes les plus aguerris peuvent se blesser. Alors que je donnais quelques informations sur la spéciale suivante à Macha, elle me confie que son mari se plaint d'une douleur au bras depuis le circuit. N'ayant plus rien à jouer au classement depuis le deuxième jour, ils décident de rentrer directement à Deauville sans suivre l'itinéraire de l'événement. Voilà pourquoi je n'aurais pas de photo d'eux, si ce n'est à l'arrivée à Deauville. Ils terminent finalement à la vingt-cinquième position, avec un top 3 et de nombreuses quatrièmes positions. Nul doute que sans encombre ils pourraient réaliser une bien meilleure performance et pourquoi pas aller chercher un podium en catégorie H-I ! 

Je tiens à remercier grandement Claudio et Macha pour leur accord sur la réalisation de ce reportage et pour leur gentillesse tout au long de cette semaine exceptionnelle. Je tiens également à les féliciter une nouvelle fois pour ces belles performances et tout particulièrement Claudio pour la superbe remontée à Charade ! J'espère pouvoir les suivre dans une nouvelle aventure, avec cette 3.0L RS ou avec une autre monture. En attendant la vingt-neuvième édition du Tour Auto, une saison dans le plateau CER 1 de Peter Auto les attend, comprenant l'événement Ardennais Spa-Classic, avec une incroyable Porsche 917 !

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