Tour Auto 2018

Texte et photos par Matthieu & Nino    

De longues années durant, nous avons attendu ce moment. Ce moment où quelques 240 véhicules historiques débarquent dans les rues de la capitale française avant de faire leur entrée dans le Grand Palais. Mais également et surtout ce moment où a lieu le départ officiel du rallye, au château de Courances à quelques kilomètres du monument Parisien. S’en est suivi une semaine de pur bonheur à la poursuite des autos à travers ces paysages que notre pays cache trop souvent. Bienvenue au Tour Auto, qui, cette année, rallie Paris à Nice. 

Les festivités débutent dès le dimanche précédant la semaine de compétition. Les alentours sont alors pris d'assaut par les multiples camions et remorques transportant les 240 véhicules historiques. Qui dit dimanche, dit également une parfaite occasion pour les badauds de découvrir des véhicules hors du communs dans un endroit où il devient de plus en plus difficile d'en croiser. C'est également l'occasion pour nous de faire le compte des engagés et des participants présents, ainsi que de découvrir les différents modèles avec qui nous passerons une partie de la semaine. 

Le lendemain, place aux vérifications techniques sous la verrière du Grand Palais, qui lors de températures agréables et élevées, se transforme en véritable fournaise. Les autos sont vérifiées les unes après les autres par des commissaires sportifs agréés puis stickées et peaufinées par leur propriétaire, les autos sont donc fin prêtes à prendre le départ !

Mardi 24 Avril 2018 : première étape Paris - Courances - Besançon

Le réveil est matinal, et pour cause, à cinq heures du matin, les premières autos quittent le Grand Palais en direction du château de Courances, où est donné le départ officiel de l'épreuve. Il fait frais, les concurrents doivent quitter la capitale au plus tôt afin d'éviter les embouteillages matinaux et la surchauffe des moteurs. Le soleil se lève à peine quand les premiers participants arrivent au château où les attend un petit déjeuner, de quoi prendre des forces avant de s'élancer vers la première épreuve spéciale, située à Venoy dans le département de l'Yonne. 

A la pause déjeuner, alors que les trois premiers plateaux de compétition se dirigent vers le circuit de Dijon-Prenois, je me retrouve face à une situation délicate qui aura rythmé ma journée ! Lorsque je déjeunais sur le bord d'une route peu photogénique mais qui présentait une place à l'ombre, je vis la BMW 3.0 CSL n°295 de François Leveque et Rémi Gammal perdre sa roue avant gauche qui finit sa fugue dans un champ. S'en suit une recherche de près d'une demie heure de cette dernière avant de la remettre à son propriétaire. L'assistance prévenue arrive sur les lieux  et après avoir constaté les dégâts (qui semblaient minimes à ce moment), les mécaniciens remettent la roue à sa place et la voiture repart avec une heure et demie de retard. 

Bref arrêt au circuit de Dijon-Prenois où les gagnants de l'an dernier, l'équipe anglaise composée de James Cottingham et d'Andrew Smith en Ford GT40, prennent de l'avance sur Chris Ward et sa Jaguar Type E 3,8L. Christophe Van Riet, pilote de la 911 3.0 RS numéro 273 termine à la seconde place de sa catégorie, derrière une autre 3.0 RS pilotée par Cooper Mac Neil, la lutte ne fait que commencer ! Les concurrents reprennent ensuite la route en direction de Besançon, arrivée de l'étape, en empruntant une route que l'on avait pu découvrir en 2016 ! Peu avant Besançon, je prends le temps de m'arrêter pour les plateaux de régularité avec un magnifique coucher de soleil, puis direction l’hôtel pour recharger les batteries.

Mercredi 25 Avril 2018 : deuxième étape Besançon - Megève

Ce matin, le plateau 3 décolle à 7h00 alors le réveil se fait matinal. Une fois les bouchons pour sortir de la ville endurés, nous traversons la Vallée de la Loue par une route plutôt sympathique. Il faut croire que je ne suis pas assez matinal car tous les spots sont déjà pris par des photographes bien connus du monde du Tour Auto. Un rapide arrêt pour quelques photos avant que les pierres ne soient qu'un souvenir et je reprends la route en direction d'un pont que j'avais préalablement repéré, en effectuant quelques arrêts sur le vif. Je saute la première spéciale pour me rendre direction au circuit de Bresse, malgré mes dires de la dernière fois. Ce circuit est tout bonnement magique : les bords de piste derrière des murets, il n'y en a pas ! Vous êtes au milieu du circuit à quelques mètres de la piste où les bolides sont en pleine course. Evidemment, la vigilance est de mise !

A l'issue des courses des plateaux 4 et 5, James Cottingham et Andrew Smith renforcent leur avance, en H1 les équipages Français, Américains et Belges en Porsche 2.8 RSR et 3.0 RSR occupent les trois premières places tandis qu'en G1 et G2 la GT40 de Patrick Hautot reste en tête. Je profite de la mise en place sur la grille du plateau 5 pour m'éclipser et prendre un peu d'avance, quitte à doubler le plateau 4, car la route est encore longue jusqu'à Megève et les spots, nombreux ! 

Il est 19h30 lorsque j'arrive au Col des Aravis, sans aucun doute le plus bel endroit de mon Tour Auto, malheureusement les plateaux de compétition m'ont devancé. La température s'est nettement rafraîchie à 1 487 mètres d'altitude et les attentes des photographes sont belles et bien présentes : le col est encore partiellement enneigé et le soleil se montrera dans la soirée... Etant déjà rentré bien tard la veille, je décide de ne pas attendre la fin des plateaux de régularité et fait alors l’impasse sur un coucher de soleil inattendu, offrant une lumière extraordinaire...

Jeudi 26 Avril 2018 : troisième étape Megève - Avignon

Le réveil sonne à sept heures pour me rendre à mon premier parc fermé du tour : Megève. Il faut dire qu'il se veut assez particulier, étant situé en plein cœur d'une station de ski réputée. La journée débute donc par un peu de statique avant de prendre la route avec le plateau 4, direction la première spéciale.

Malheureusement, le Tour n'a pas le temps de profiter des magnifiques routes montagnardes et nous retournons rapidement dans la vallée. Quoi de mieux pour commencer la journée que de suivre l'une des six Shelby Daytona dans un brouhaha assourdissant ?

Nous arrivons ensuite à Chamoux sur Gelon, où a lieu la première épreuve spéciale de la journée, nommée "Combe de Savoie". Une épreuve aussi particulière que difficile étant constituée de seize épingles ! Ne vous méprenez pas, toutes ces photos ont été prises avant la spéciale, sur une route où les plus pressés ont pu être surpris ! 

A l'issue de cette épreuve, le classement reste sensiblement le même pour les trois plateaux de compétition. Nous nous dirigeons désormais vers la ville de Vif où les concurrents récupèrent leur panier pique-nique, l'occasion alors pour eux de se poser dans le col de Menée et de profiter des paysages ahurissants du Vercors. La pause fut de courte durée en raison d'une seconde épreuve spéciale à deux heures de route. J'ai opté pour couper cette spéciale et me rendre directement à un tunnel repéré auparavant et j'ai bien fait car un accident de l'une des ouvreuses entraînera l'annulation de l'épreuve. Parmi toutes les autos suivant le Tour, la Lancia 037 restera assurément la crème de la crème

L'envie de profiter de cette semaine de vacances pour découvrir des villes, comme Avignon ce soir-là, me fait abandonner la caravane avant le circuit de Ledenon. De plus, mon hôtel est à deux pas de la cité des Papes et aux pieds des Remparts, où se trouve également le parc fermé. Après avoir fait le tour des restaurants fermés, j'en trouve enfin un d'ouvert et demande au serveur d'être servis assez rapidement pour profiter de la lumière du jour... Jugez-en de vous-même, lorsque je rejoins le parc, le soleil s'est déjà couché et les mécanos déjà dans les moteurs... Je quitte le parc aux alentours de neuf heures pour préparer ma quatrième et dernière journée.

Vendredi 27 Avril 2018 : quatrième étape Avignon - Aix en Provence

A 48 heures de l'arrivée, comme le veut la tradition, l'ordre des plateaux s'inverse ! Ce sont donc les plateaux de régularité qui partiront les premiers et la compétition fermera la route. Le réveil a sonné une heure plus tôt car je ne veux pas rater le premier plateau. Au programme de cette avant-dernière étape, deux spéciales, le circuit Paul Ricard et le déjeuner au Couvent Royal de Saint-Maximin ! Je saute la première spéciale et rejoins la première route photogénique selon moi. Petit à petit, on entre dans les paysages typiques du sud de la France. 25 degrés à neuf heures du matin, vignobles et cyclistes, pas de doute, on est en Provence-Alpes-Côte d'Azur ! 

Puis nous poursuivons la route en direction de Pertuis dans le Vaucluse et de jolis spots s'offrent à moi ! L'Abarth Simca 2000 GT du photographe Rémi Dargegen et de Jürgen Boden, qui connait quelques soucis depuis Paris passe pour la première fois devant mon objectif, quelques kilomètres plus loin, c'est l'une des autos mises à l'honneur cette année tout comme une Osca, ainsi que la magnifique BMW 507. Enfin, les trois monstres de la route, la 2.8L RSR, la Lancia 037 Stradale (qui ne fait pas partie des participantes), et la Lancia Stratos Group IV débarquent à toute allure ! Première participation pour le propriétaire de la Stratos, qui ne fait qu’enchaîner les rallyes depuis, et il assuré qu'il reviendrait l'année prochaine pour tenter de le gagner ! En compétition peut-être donc... nous verrons dans un an ! 

Il est treize heures passées lorsque j'entre dans le Couvent Royal de Saint-Maximin, premier déjeuner autre part que sur circuit, il était temps ! Même si la plupart des autos est garée à l'ombre, et que le reste a envahi le parking de l'école, le lieu est plutôt sympathique. Une heure de route nous sépare du Paul Ricard, alors je ne m'attarde pas.

A quelques kilomètres du circuit, le road-book nous fait prendre une petite route en parallèle d'une plus grosse, toutes deux se rejoignant à un moment. Cependant la route du tour est un peu plus longue et donc moins rapide, et les participants qui ont peur de ne pas arriver à temps au point de contrôle du circuit ne prennent pas la peine d'y passer. Connaissant le circuit, je décide de rester le plus longtemps possible sur cette route, même si toutes les voitures n'y passent pas. Je pars au milieu du plateau 4.

J'arrive au circuit avec le plateau 4, et comparé à tous les circuits de cette semaine, le Paul Ricard est vraiment "immense" ! Chasuble mis, je me dirige vers les "S de la Verrerie" que j'aimerais expérimenter pour la première fois. Mais surprise, alors que j'y arrive, je m'aperçois que les voitures prennent le petit circuit, anciennement dit "Grand Prix", mais depuis cette année et pour le retour de la Formule 1 en France, elles emprunteront le grand circuit ! Qui dit retour de la F1, dit forcement amélioration du circuit et des infrastructures ; la piste a totalement été re-surfacée, tout comme la pit-lane j'ai l'impression, mais surtout, les entrées en bord de piste ont été encore plus sécurisées qu'elles ne l'étaient déjà. D'autant plus que pour un événement de passage, elles ne sont pas toutes ouvertes, et qu'elles demandent désormais un badge... Bref, pas de bord de piste pour moi, ou alors que très peu car j'ai pu me mettre en intérieur du dernier virage, vraiment médiocre. Énervé par ce circuit trop moderne et absolument pas pratique, je change mes plans et me dirige vers la dernière spéciale de la journée.

En spéciale au moins, je peux aller où je veux, enfin presque : deux vigiles me bloquent la route à deux kilomètres du passage des voitures... La raison ? Ma plaque de rallye n'est pas sur le pare-brise (l'autocollant presse est pourtant collé sur le capot...). Je lui explique donc qu'elle est sur ma vitre arrière pour que les concurrents voient que je suis de la presse et que l'organisation le demande et il finit par me laisser passer, merci monsieur. Un peu de marche en forêt pour rejoindre un demi-tour assez serré et je me pose une bonne heure, pour les derniers clichés de ce Tour Auto. Je profite du plateau 3 et commence à shooter au plateau 4.

En effet, l'action est bien présente ! A dix-neuf heures après une grosse neutralisation pour une raison inconnue, la Ford GT 40 de James Cottingham et Andrew Smith ouvre le plateau 4 ! Elle est alors première du classement général et terminera également première de la spéciale, avec quinze secondes d'avance sur le second. Mais le lendemain, retournement de situation lorsque l'équipage est à l'arrêt dans l'avant dernière spéciale, la boite de vitesse a cassé ! Les vainqueurs de l’édition 2017 doivent renoncer après avoir remporté dix victoires de spéciales sur les quatorze possibles. Sans aucun doute, cet équipage rejouera la gagne en 2019 ! 

C'est donc la Lotus Elan 26R de Raphaël Favaro et Yves Badan qui, à la surprise générale, remporte cette vingt-septième édition du Tour Auto ! Félicitations à eux ! Sur la deuxième marche du podium se trouvent Frédéric Jousset et Paul Miliotis avec leur Shelby Cobra 289 et une autre Lotus Elan 26R complète le podium, celle de Damien Kohler et Sylvie Laboisne.

 

L’équipage français Patrick Hautot et Sylvain Cantrel sauve l'honneur des GT40 et s'impose dans le groupe G1 et G2. Les Américains Cooper Mac Neil et Gunnar Jeannette remportent quant à eux le Groupe H1/H2/I avec leur Porsche 911 RSR 3.0L alors que Christophe Van Riet et Caroline Grifnee sont second, à 40 secondes. Didier Sirgue et Jean-Michel Carriere termine quant à eux troisième au volant de la De Tomaso Pantera Gr. IV. Les Porsche dominent en H1/H2/I mais également à l'indice de performance car c'est la 356 Pré A des Pénillard qui se voit remporter l'indice. 

 

Côté Régularité, la victoire revient à l’équipage français Jean Rigondet et Olivier Souillard en CG 1200 S, dominant du premier au dernier jour du rallye. Il devance le duo Nicolas Pagano/Michel Périn en Alfa Romeo 1750 GTV qui conserve sa deuxième place de justesse sur les Argentins vainqueurs en 2017, composée de Tomas Hinrichsen et Solange Mayo en Maserati 200 SI. Ils remportent en revanche l’indice de performance. A noter que ces trois récompensés se tiennent en moins de trente secondes d'écart !  

Quant à moi, ce fut encore une fois un merveilleux Tour Auto, malgré la dernière étape manquée. Cependant je me dois de le noter ; le parcours était malheureusement très similaire à celui de 2016, même circuits, parfois même routes, et ayant déjà été au Col des Aravis en été 2017, la surprise n'était pas la même que pour quelqu'un découvrant le lieu... (Mais ça, je ne le dois qu'à moi-même.) La liste des engagés manquait également de nouveautés et les abandons avant le Jour-J en sont pour quelque chose. Deux Stratos Groupe IV, une Matra MS650 et une Ferrari 512M ont ainsi disparu de la liste... Disparues également, mais le premier jour, les autos les plus importantes des plateaux de compétition, les deux Ligier JS2, la malheureuse 3.0 CSL bleue dont je garderai longtemps le souvenir, et plus tard dans la semaine la 904 Carrera GTS, une Pantera Groupe IV ou encore la 250 GT SWB... La compétition fut cependant au rendez-vous malgré la grosse domination de l'équipage Anglais et de leur GT40. Quoi qu'il en soit, rendez-vous en 2019 pour la vingt-huitième édition et un parcours comme chaque année renouvelé !

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